Dominique Boullier – Présentation du numéro


Dominique Boullier / vendredi 6 août 2004

 
Faire la ville, nous pensons savoir, la gérer sans doute aussi, mais comment pourrions-nous « faire aimer la ville » ? C’est pourtant cette expérience urbaine de chacun qui crée des attachements durables (ou passagers pendant un voyage). De quoi peut-elle être faite, cette expérience qui change tout ? Aimer une ville, aimer sa ville, aimer les villes, aimer La ville ou encore s’aimer en ville, aimer les urbains, aimer les rencontres qui sont sans doute le sel même de l’urbanité ? Nous serons loin des discours technocratiques, de la planification, du management et de la maîtrise. Mais nous ne serons pourtant pas loin de ce qui fait le travail de tous ceux qui fabriquent et qui gèrent la ville au quotidien. C’est plutôt cette nécessité de penser les attachements urbains qui nous intéresse ici. À la condition de ne pas en faire seulement un discours de principe mais de montrer précisément comment tous ces liens se tissent avec la matière urbaine elle-même, avec un cadre bâti et ses formes, avec la nature que l’on réinvente en ville, avec un milieu, avec aussi les autres habitants que l’on fuit ou que l’on recherche, pour créer ces configurations sociales visibles inscrites dans l’espace. Sans ignorer que ceux qui fabriquent et qui gèrent cette ville se donneraient de meilleures chances de faire vivre ces attachements s’ils étaient attentifs à la mobilisation d’un public sur chacun des projets ou des situations auxquels ils sont confrontés : la démocratie urbaine est aussi un des leviers pour faire aimer la ville, sans nul doute (…)