BOULLIER, Dominique.- Déboussolés de tous les pays !


Paris : Editions Cosmopolitiques, 2003.

 

Si l’expression « perdre le nord » avait un sens en politique, elle serait plus difficile à appliquer en géopolitique, car nous avons semble-t-il, dans les dix dernières années, perdu tous les points cardinaux à la fois.
Nous avons bien perdu le Nord, si l’on songe que le modèle social-démocrate, si bien réalisé en Suède, ne représente plus une perspective crédible pour les électeurs européens. Ce sera notre point de départ, ce qui nécessite de refonder un projet éco-démocrate qui dépasse cette tradition européenne épuisée.
Plus grave, nous avons certainement perdu le Sud : nous l’avons perdu corps et biens, en le laissant couler dans la misère, les épidémies et la corruption, dans un échange inégal déjà ancien mais qui n’a fait que s’aggraver.
Tout cela n’apparaîtrait pas de manière aussi nette si nous n’avions perdu l’Est. Le monde a basculé le jour de la chute du mur de Berlin et nous savons tous les avantages qu’il y avait à vivre dans un monde bi-polaire, qui se transposait jusque dans nos sociétés démocratiques jusqu’à peu, ce qui nous a fait perdre en même temps ce qui restait de communistes.
Finalement, il ne nous restait plus que l’Ouest, l’Amérique, son modèle de réussite personnelle et son culte du business. L’orgie de la « nouvelle économie » fut spectaculaire et délirante mais de courte durée et le réveil douloureux : nous venons aussi de perdre l’Ouest, accaparé par un gouvernement d’extrême-droite, à la suite du 11 Septembre, bafouant tous nos rêves démocratiques, devenant terre de profit sans foi ni loi, à la suite d’Enron, détruisant toute confiance dans un système financier tout-puissant.

 

 

 


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Réference pour la bibliographie :
BOULLIER, Dominique.- Déboussolés de tous les pays !, Paris : Editions Cosmopolitiques, 2003.