Dominique Boullier – Présentation du numéro


Dominique Boullier / mercredi 18 juin 2003

 
Les formes politiques institutionnelles que nous connaissons semblent s’essouffler, la République n’a plus les vertus transcendantes qu’elle avait, elle aussi devient discutable. D’autant plus que les autres pays européens vivent sur d’autres modèles, et que l’Europe a engendré une organisation dont on peut se demander si elle fait institution, son statut incertain ne l’empêchant pas d’étendre sa prise en charge de décisions toujours plus nombreuses. C’est le cas aussi de la « régulation internationale », monstre conceptuel dont on ne sait orienter l’avenir. La démocratie elle-même, en s’approfondissant pour accroître les droits des individus, pourrait parfois remettre en cause l’idée même d’un monde commun.
 

Cette incertitude sur les institutions politiques, qui ont jusqu’ici caractérisé l’occident, se veut sans doute un écho de la disparition de l’ennemi totalitaire qui évitait à bon compte d’interroger les profonds changements intervenus dans « le monde réel ». Le niveau d’instruction s’est considérablement élevé et chacun veut dire son mot, les autorités dogmatiques se sont effondrées, les sciences et les techniques ont une place prépondérante dans les « débats de société », des participants toujours plus nombreux à la « citoyenneté » frappent à la porte, la « globalisation » semble vouer tous les pouvoirs, devenus tous locaux, à l’impuissance alors que dans le même temps, les particularismes en tous genres prétendent obtenir statut institutionnel, sous la forme communautaire notamment. Le numéro que nous présentons ne répondra pas à toutes ces questions, ni à d’autres, mais il espère être suffisamment divers dans ses approches pour montrer une partie de ce qu’un appel à une VIeme République devrait prendre en compte. (…)